Mélancolie lilloise

Publié le par Malchus

Aujourd’hui, 7 août 2011, 17h, gare Lille Flandres. 1h30 à tuer avant mon prochain train. J’opte pour une balade dans la ville, en guise d’hommage pour ses 4 ans de bons et loyaux services.

Les rues sont vides, c’est dimanche. Le vent me rappelle qu’il existe, après deux jours dans l’étouffante Grenoble. Quelque chose d’étrange flotte dans l’air. Je décide de repasser par mes chemins favoris. En sortant de la gare je me dirige vers le quartier administratif et la mairie, avec pour première intention de retourner du côté du Grand Palais, où j’ai vécu un an. Le quartier de la mairie est déserté ; j’ai comme l’impression qu’il fait nuit en plein jour. Je repasse devant ces endroits chargés de souvenirs ; les services centraux de Lille 2, sa salle de sport, son RU…L’hôtel de ville et son impressionnant beffroi me renvoient aux soirées d’accueil des étudiants étrangers, en compagnie de quelques uns de mes cinglés de potes. J’avance vers le parc Jean Lebas ; je revoie la fleuriste du coin de la rue qui me fournissait pour mes opérations reconquête ; on était en novembre/décembre 2009…Je revois l’appartement de Coco et les soirées qui l’ont garnie durant 3 ans…Je me revois avec Christophe, buvant une bière, allongés dans l’herbe du parc rouge, après le dernier examen de notre dernière année à  Lille 2. Juin 2011. Déjà. Je rends hommage à mon ami en repiquant par la rue Malus, où il résida durant un an. Je repense aux soirées, à Guillaume qui vole la boîte aux lettres, aux parties endiablées de PES…De ce fait je décide d’ignorer mon ancien logement de Grand Palais, après tout  je ne l’ai jamais vraiment aimé celui là.

Je bifurque sur la rue Jean Bart, le fameux. S’ouvre alors à moi la place Philipe Lebon, et l’impressionnante Eglise St Michel. Je ne croise presque que des couples, qui semblent tous s’aimer. Je ne peux ignorer la rue de Valmy, logement de cette dernière année, qui fut sans doute la meilleure des quatre.  Et puis, et puis…je reprends par la rue Solférino, qu’on ne présente plus. La rue Solfé, épicentre de la fête et de la débauche, avec sa sœur Masséna, et alors les souvenirs m’inondent. Dans cette même rue se côtoyaient inextricablement une foule de sentiments ; l’excitation de la soirée à venir, la joie intense mêlée à l’oubli lorsque la fête est réussie, l’ivresse, la mélancolie qu’inspire la nuit lilloise sur le trajet du retour. Reste tant de choses à dire…

Au tournant avec la rue Gambetta, je décide de mettre fin à mon spleen, par peur de manquer le train. Pourtant la rue Masséna m’appelait, là où j’ai découvert Lille, où j’ai appris à l’aimer. J’aurais bien pu passer mon temps à lire quelque chose, j’ai décidé de jouer au promeneur solitaire. Le nostalgique doit être un peu masochiste, j’ai provoqué le retour des souvenirs, je suis allé les chercher. Mais vivre n’a pas de sens si l’on oublie le passé ; vivre doit se faire sur trois temps. « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste ». Victor Hugo avait raison. Chaque rue a son histoire, que je savoure. Chaque rue me renvoie à une personne différente, à un moment. Mais la ville entière me renvoie à ces innombrables balades amoureuses avec elle, main dans la main.

On peut prétexter l’ordre des choses, la continuité, la vie tout simplement ; il y a des personnes comme des endroits que l’on peine à quitter ; Lille en fait assurément partie. Quelque chose avait changé, oui, quelque chose d’étrange dans l’air. Sur la fin de ma balade, je pense l’avoir saisi. Prenant en photo ces bâtiments, ces endroits qui me manqueraient mais dont je craignais que le temps brouille le souvenir, je réalisais l’évidence : je n’étais plus un Lillois. Le vent qui soufflait était celui du changement. Tout ça continuerait, sans moi.  

 

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