Vivre seul

Publié le par Malchus


Depuis quelques jours, j’ai du temps pour moi. Depuis quelques jours, ce même temps qui m’échappe si souvent semble s’écouler à un autre rythme, méditerranéen peut être. Pourtant je ne m’ennuie pas. Les choses à faire ici ne manquent pas, tout est à découvrir, à installer. Prendre ses marques. Mais le temps ne fuit plus, je le perçois mieux, je l’appréhende plus facilement. Je vis seul.

Après réflexion c’est finalement sans doute la première fois que ça m’arrive. Seul, vraiment. Je me lève seul, je me couche seul. Je déjeune seul. Les uniques paroles que j’entends sont celles de la rue, de la place qui jouxte mon appartement. Je n’ai pas voulu de télévision. Parfois j’écoute la radio via internet. Quelques mots flottent, peu de temps. Et le silence revient.

La première fois, oui. J’ai toujours été entouré, et n’ai pas connu de période de solitude totale. Mon enfance rime avec un certain isolement, mais de la solitude, non. Je l’ai pourtant recherchée si souvent, la mise à l’écart, le silence purificateur. Aujourd’hui encore, fuir mon entourage de manière temporaire est un besoin permanent. On se croit alors loup solitaire, on s’imagine pouvoir facilement rester dans son coin. Finalement la solitude n’a du bon que lorsque l'on n’est pas vraiment seul.

Ce que l’on apprécie le plus dans ces moments là ? La liberté. Par « l’enfer, c’est les autres », Sartre a sans doute voulu dire bien des choses. Nul doute qu’il ait saisi que l’inconvénient d’avoir des relations est qu’elles finissent inéluctablement par empiéter sur votre propre vie. Donner de votre temps, donner de vous-même. Accepter les autres, n’importe quand et parfois n’importe où. Faire comme si, quand ça ne veut pas. Dissimuler son côté sociopathe.

J’aime me retrouver seul avec moi-même, car ce sont justement les seuls instants où je suis véritablement moi-même. Je n’ai pas à craindre d’ennuyer les autres, je n’ai pas à tenter de leur plaire. Je n’ai pas à m’y intéresser. Tout est plus simple et reposant. Les interactions sociales vont font inévitablement vous éloigner de vous-même, ne serait ce que d’un pas.

Déambulant dans les rues nocturnes, j’essaye de savourer ma liberté. Ici, personne ne me connait, personne avec qui entrer en contact. Je fonds dans la masse.

Mais à défaut d’observer ses proches, on s’observe plus soi même, on se jauge. C’est l’introspection permanente. On analyse chaque habitude. Rapidement, ça manque de fraîcheur, de nouveauté. Et surtout, il y a le grand absent ; le partage. L’être humain a besoin d’exprimer ses sentiments, chacun le fait à sa manière. Sur une feuille de papier, sur un tableau, sur un instrument de musique, sur une scène de crime.
Il communique, fait passer des messages. Happiness is only real when shared.

La solitude : amie et ennemie réunies dans un même vide.

Dehors, la Place des cardeurs est toujours aussi bruyante. C’est samedi soir, il y a la musique, il y a les verres qui clinquent, il y a les cris et les rires. 
Un frisson me parcourt. 
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